Le secteur de la Constance a été identifié depuis longtemps comme lieu d’accueil d’une extension de la ville d’Aix-en-Provence.  À deux kilomètres à vol d’oiseau du centre-ville, il en est néanmoins séparé par l’A8 et l’A51. Cet enclavement a retardé son urbanisation et préservé le potentiel paysager de ce site exceptionnel.  Il  est formé d’un plateau entouré de coteaux boisés, entaillé par un vallon central et dominant la vallée de l’Arc avec des vues lointaines sur la chaîne de l’Étoile et la montagne Sainte-Victoire immortalisée par Paul Cézanne qui a peint là près de 40 toiles. 

Plusieurs fondamentaux définissent le projet urbain : 
L’intégrité de la nature et du site : la préservation totale du vallon (qui devient un grand parc) et des coteaux boisés, la mise en valeur des bastides et des vues cézanniennes.
Un espace public « Aixois » : des cours, des rues, des places où l’on retrouve l’échelle des espaces publics du centre-ville, bordés par des constructions à l’alignement. Des venelles de cœur d’îlot, des jardins intérieurs et intimes.
Une architecture contemporaine, construite ou revêtue de pierre calcaire de Provence et respectueuse de la cohérence urbaine recherchée. 
Un quartier résilient, écologique, accessible, mixte, « intelligent ».

Faire un projet c’est en premier lieu choisir un point de vue « situé » et une façon de regarder le monde qui nous entoure. Ici, pourrait-on dire, le travail a déjà été fait par Cézanne. Le peintre a déjà déterminé le tracé et l’orientation du projet. Les « vues cézanniennes » seront préservées et « cadrées » par les grands espaces publics. La composition du projet réutilise certaines formes anciennes. Le cours de la Sainte Victoire a les dimensions du cours Mirabeau, et la trame du quartier s’inspire de celle du quartier Mazarin. Il ne s’agit pas d’en faire des pastiches – ce serait d’ailleurs impossible – ni de prétendre retrouver l’ambiance de ces lieux anciens en ne regardant que leur dimension, mais simplement de fixer quelques repères géométriques et quelques principes familiers sur lesquels le nouveau projet va pouvoir se construire.  L’orientation du cours de la Sainte Victoire diffère légèrement de celle du cours Mirabeau, car elle vise la montagne d’un côté et se prolonge par une passerelle à travers le parc de l’autre côté. 

La volonté urbanistique est de parvenir à une régularité urbaine qui n’interdit pas la singularité architecturale, mais la fait passer au second plan.